La Sainte Eucharistie

La très Sainte Eucharistie est la grande richesse de la vie Chrétienne et la célébration de Celle-ci est un des moments importants de la vie chrétienne. Le concile Vatican II marque son importance : « Les fideles, incorpores à l’Eglise par le Baptême, sont rendus aptes à célébrer le culte de la religion chrétienne (…). En participant au Sacrifice Eucharistique, source et sommet de toute vie chrétienne, ils offrent à Dieu la divine Victime et en eux-mêmes avec elle » (Lumen Gentium, n⁰ 11).

Dans cet article, nous vous proposons l’avis d’un Théologien laïc rwandais à ce propos, dans son article intitulé : «Redécouvrir les richesses de notre Foi en temps de confinement. Relecture d’un théologien laïc»:

Dans beaucoup de domaines et institutions, on n’a pas attendu la fin de l’épidémie pour tirer de leçons de cette période de coronavirus que toute l’humanité est en train de traverser. En effet, en ce qui concerne les cultes, sauf quelques exceptions récentes, les rassemblements religieux restent officiellement interdits dans beaucoup de pays. Il en est le cas au Rwanda et en Belgique, mes pays de référence. Ce manque de rassemblement a été vécu avec amertume par plusieurs croyants. Pour s’en convaincre, il suffit de lire le livre « Rien ne pourra nous séparer de l’Amour de Dieu en Jésus-Christ Notre Seigneur. La suspension de toutes les messes avec les fidèles au temps du coronavirus, une profonde Blessure Eucharistique » du moine et professeur de théologie François-Marie Léthel publié le 02 mai 2020. Décidément, l’inventivité pastorale des pasteurs à travers les messes transmises via la télévision, les radios ou les réseaux sociaux n’aura pas réussi à faire oublier le manque causé par l’absence des rassemblements physiques ordinaires des fidèles. Plus que jamais, les fidèles comme les ministres ordonnés auront vécu une solitude spirituelle sans précédent.

Cependant, il est de coutume que le manque est une occasion privilégiée pour se rendre compte des richesses de ce qui n’est plus dans notre vie. L’habitude et la routine peuvent avoir un effet d’aveuglement par rapport à ce que nous sommes et aux qualités non exploitées ou pas suffisamment explorées de notre être ou de notre avoir. Chez le grand philosophe Platon, le manque est un moteur de la recherche de la perfection. Le manque nous pousse à désirer ce que nous n’avons pas ou plus. J’espère que, dans ces moments, les chrétiens sentent le manque de se rassembler, de faire Église. D’après l’expérience des disciples de l’Emmaüs (Luc 24, 18-35), le manque est une opportunité pour faire émerger une mémoire adéquate à la réalité à tel point que la réapparition de ce dont on manque est une occasion de joie et de célébration. Dans le même ordre d’idée, ne dit-on pas en Kinyarwanda que « Uwambaye ikirezi ntamenya ko cyera » ; ce que Pierre Crépeau et Simon Bizimana traduisent par ce qui suit : « Qui porte (au cou) un coquillage ne sait pas qu’il est blanc ». Et si le manque de nos pratiques habituelles de notre foi chrétienne était une invitation à redécouvrir les richesses de celle-ci ? Telle est la question qui traverse ce texte.

Dans cette modeste réflexion qui se veut théologique, je voudrais partager l’intuition que j’ai eue après avoir lu l’article apparu, en Kinyarwanda, sur le site du diocèse de Kibungo, mon diocèse d’origine, le dimanche 24 mai 2020. Cet article portait le titre « Dusabe kugira ngo hakorwe ibisoboka byose, Abakristu bongere kugira amahirwe yo guhazwa Ukaristiya Ntagatifu » et l’auteur est Son Excellence Monseigneur Antoine Kambanda, archevêque de Kigali et administrateur apostolique du diocèse de Kibungo. Une traduction de ce titre peut être « Prions pour que les chrétiens puissent encore communier à la Sainte Eucharistie ». Un élément, plus que d’autres, aura retenu mon attention ; il s’agit des quatre moments de la présence du Christ repris dans cet article. Cela m’a rappelé les enseignements que j’avais reçus lors de ma préparation à la première communion dans ma paroisse natale de Zaza. Si l’auteur n’a pas hiérarchisé ces moments selon la numérotation, ce qui a attiré mon attention. L’auteur se serait inspiré du catéchisme de l’Église catholique, n°1324. En effet, l’article mentionne d’abord l’Eucharistie, la Parole de Dieu, la Communauté et enfin les Pauvres. Dès lors, j’ai été interpelé par l’ordre donné à la présentation de ces moments de présence du Christ. Dans ma profession de théologien, je suis, en effet, habitué à travailler les textes de théologiens protestants et catholiques. Cela a sans doute joué dans la manière dont j’ai compris l’ordre de présentation des quatre lieux de présence du Christ. Ainsi, mon étonnement vient du fait que j’ai constaté que l’Eucharistie venait avant la Parole de Dieu. Je tiens à préciser que, dans cet article, il n’est pas question de prééminence et de préséance dans l’ordre attribué à ces quatre lieux. Cependant, ce moment de questionnement théologique que j’ai eu m’aura permis de me poser quelques questions fondamentales sur ma vie de chrétien, sur mon identité de chrétien catholique à travers l’expérience de manque vécu par les chrétiens en général et les chrétiens catholiques en particulier dans ces moments d’interdiction de cultes publics. Il n’est peut-être pas anodin que cette réflexion soit portée par une expérience de manque, par exemple de l’Eucharistie, chez un laïc que je suis.

Je voudrais reprendre les quatre moments de présence du Christ, selon une perspective théologique se situant entre les protestants et les catholiques, pour appréhender quelques richesses partagées ou propres aux catholiques que ce manque nous invite à redécouvrir. J’aimerais suivre l’ordre inversé de ces quatre lieux pour respecter la logique ascendante que je veux faire apparaître dans cette réflexion.

Alors que le cultuel reste très prédominent dans toutes les Églises du Rwanda, voire de toute l’Afrique, maintes fois, il a été reproché aux chrétiens africains d’être superficiels dans leur foi chrétienne surtout à cause de la tendance consistant à réduire l’expression de leur foi à la participation intempestive voire folklorique aux célébrations. Il est vrai que l’adhésion au Christ invite à l’approfondissement et au témoignage de vie surtout à travers les gestes de charité que nous devons poser à l’endroit des Pauvres, sans discrimination aucune, que ce soit sur base d’appartenance religieuse, ethnique, familiale, etc. En cela, j’ose croire que les chrétiens, catholiques et protestants, ont découvert les richesses de leur foi à travers l’attention qu’ils ont eue à l’égard des personnes les plus démunies de leur communauté non pas seulement chrétienne mais surtout humaine.

Nul ne peut ignorer la joie des chrétiens rassemblés autour d’un pasteur ou d’un prêtre pour se remémorer les enseignements de Jésus et, chez certaines confessions chrétiennes dont les catholiques, pour célébrer les sacrements. A côté de cette dimension spirituelle des assemblées des croyants en Christ, il est important également de souligner leur dimension sociale. En effet, après les moments spirituels, les Africains ont l’habitude de partager des nouvelles sur le parvis de l’église ou en chemin de retour à la maison

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. Le manque de ces rassemblements dû aux mesures prises dans le cadre de lutter contre la propagation du coronavirus nous renvoie à la distinction nécessaire qu’il faut faire entre la communauté physique et la communauté spirituelle. Bien que les deux se complètent, il est nécessaire et essentiel, pour notre foi, de redécouvrir les richesses de la communauté spirituelle que nous formons. C’est cette dimension spirituelle qui doit primer et nourrir la dimension physique. En effet, d’autres types de rassemblement existent et ils ne sont pas pour autant appelés Églises. Notre histoire récente nous rappelle malheureusement que la communauté physique coupée de la communauté spirituelle perd sa sève chrétienne dès que d’autres forces du mal apparaissent. Ainsi, c’est grâce à la dimension spirituelle que nos assemblées sont appelées Églises. Cela renvoie à la personne du Christ qui porte et fait vivre nos communautés. C’est pourquoi le Christ est présent non pas au milieu de ceux qui s’assoient les uns à côté des autres mais il est plutôt présent au milieu de ceux qui se laissent porter par son Souffle, par son enseignement. Nos assemblées gagnent en remettant de l’ordre dans leurs raisons d’être. Nous sommes appelés à redécouvrir la dimension spirituelle de la communauté chrétienne et à la considérer comme le fondement et l’essence de la communion de nos communautés entre elles et le Christ et entre elles-mêmes.

Le rapport à la Parole de Dieu a toujours constitué l’objet de différences entre les protestants et les catholiques. La différence que je retiens, pour cette réflexion, est celle du rôle d’intermédiaire entre la Parole de Dieu et le chrétien laïc. En effet, le temps d’interdiction de rassemblements publics invite, plus que jamais, tous les chrétiens, protestants et catholiques, à se familiariser avec la lecture de la Bible. C’est également une invitation aux responsables religieux à renforcer la formation des chrétiens aux méthodes de lecture des textes bibliques. Ceci peut passer par les cours de religion à l’école, les moments de formation dans les Communautés Ecclésiales de Base, dans la préparation des croyants aux sacrements, etc. La communauté chrétienne doit soutenir et renforcer les compétences bibliques chez chaque membre.

Le dernier moment est spécifiquement consacré aux chrétiens catholiques. Il s’agit de l’Eucharistie. Celle-ci est le lieu par excellence de la foi. Plus que d’autres moments, l’Eucharistie reflète la dimension spirituelle au sens absolu du terme ; elle est l’amour sans faille pour, par et en Christ. J’aimerais revenir sur cette qualification que j’attribue à l’Eucharistie à partir de mon expérience de théologien. Il me semble que les trois autres moments de la présence du Christ laissent de la place à la saisie rationnelle du mystère de la présence du Christ. En effet, il est plus facile d’expliquer aux non-chrétiens la pertinence des gestes de charité à l’attention des pauvres, de l’Église comme assemblée des croyants en Christ et des Écritures saintes. Ces trois lieux sont plus ou moins compréhensibles (Jacques 2, 14). Cependant, l’Eucharistie demande une foi encore plus grande pour en découvrir la richesse spirituelle manifestée en Jésus-Christ (Romains 3, 20-28). C’est le lieu du don absolu autant pour Celui qui s’y donne que pour celui qui la reçoit. Elle rappelle le mystère de la foi, c’est-à-dire la confiance absolue et radicale dans l’inconditionné. En cela, le manque de l’Eucharistie pour nous les laïcs, dans ces moments de crise sanitaire mondiale, est une invitation à redécouvrir le sens de notre foi en Jésus, c’est-à-dire l’abandon total à lui, l’amour inconditionnel du Christ pour le Père et la confiance sans faille du Père pour le Christ ainsi que la présence éternelle du Christ dans l’Eglise à travers l’Esprit-Saint. Le manque de l’Eucharistie est l’occasion privilégiée de méditer sur l’amour infini de Jésus pour les hommes et l’invitation qu’il nous fait d’aimer nos proches et surtout ceux qui sont en manque de confiance, d’amour et d’estime de soi.

L’Eucharistie dans son sens renvoyant à l’amour, à la confiance et à l’abandon constitue le miroir de la miséricorde de Dieu dont nous faisons l’expérience grâce au sacrement de la réconciliation. En effet, le pardon ne peut exister que là où l’amour, la confiance et l’abandon abondent, là où l’homme prend conscience de sa finitude, de ses limites afin de se confier et de s’abandonner à l’Autre.

Pour conclure, il me semble important de revenir sur l’abondance de la grâce qui nous est donnée dans ces moments de manque des éléments à travers lesquelles notre foi chrétienne s’exprime. La soif que nous avons pour l’Eucharistie et pour le sacrement de réconciliation ne peut être que grande lorsque nous en prenons la mesure. L’Eucharistie et le sacrement de réconciliation sont les expressions parfaites de la grandeur de notre foi, les lieux de la mesure sans mesure de l’amour du Christ pour le Père et pour les hommes. Puisse le manque de l’Eucharistie et du sacrement de la réconciliation être le catalyseur d’une foi toujours renouvelée en Christ, pour la gloire de Dieu et le salut des hommes. 

Prof. Jean-Paul NIYIGENA

Théologien Rwandais, Chrétien originaire de la Paroisse Zaza-Rwanda

Université catholique du Rwanda et Université catholique de Louvain

Commission Diocésaine pour les Moyens de Communication et des Activités Culturelles

A Dieudonné UWAMAHORO, Président de la commission

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